Je hais le théâtre

Médium
1998

Mathilde ne sait pas ce qui l'a poussée à intégrer un cours de théâtre. Dès le premièr cours, elle s'aperçoit qu'elle n'aime pas ça. Était-ce la perspective de s'amuser un peu entre deux révisions pour le bac ? L'envie de faire partie d'une troupe ? Ou tout simplement le destin qui a décidé de lui faire retrouver Fabrice, dont elle était amoureuse quand elle était petite et qu'elle n'avait pas vu depuis dix ans.
Elle joue Camille d'On ne badine pas avec l'amour, et lui joue Perdican. Ce serait plus facile si elle se sentait douée pour jouer la comédie et si la présence de Fabrice ne lui faisait pas perdre ses moyens. La voilà obligée de lui répéter : « Oui, nous nous aimons, Perdican ; laisse-moi le sentir sur ton coeur. Ce Dieu qui nous regarde ne s'en offensera pas ; il veut bien que je t'aime : il y a dix ans qu'il le sait », tout en subissant les invectives de Menthor, le metteur en scène : « Camille, on ne t'entend pas ! » 
Tout est artificiel, au théâtre, se dit Mathilde, même l'acte de respirer. Elle est trop fine et trop lucide pour ne pas voir le plaisir qu'éprouve Menthor à faire preuve d'autoritarisme et à pousser ses élèves à bout. Elle n'apprécie pas non plus le stage censé souder la troupe et exalter les émotions. Et pas davantage les séances d'improvisation : « J'avais beau chercher au fond de moi-même, rien ne se faisait entendre. J'étais vide de toute émotion. Je cherchais à retrouver les événements tristes et douloureux de mon existence et me concentrais sur l'épisode de la mort de ma grand-mère, repassant toute la cérémonie, jusqu'au cimetière, sans cependant parvenir à éprouver quoi que ce soit. Sauf la honte d'avoir recours à une telle méthode. Le théâtre procédait d'une malhonnêteté fondamentale. » L'année se passe entre répétitions, révisions, soirées barbecue, concerts de rock amateur et accrochages inévitables avec les parents. Fabrice, en bon Perdican, flirte avec Mathilde pour ensuite la laisser dans l'expectative...
Dominique Souton fait la chronique de cette année charnière avec beaucoup d'humour, de sincérité et un sens du raccourci jubilatoire.