Je suis un tremblement de terre
Des portraits de lui sont affichés un peu partout dans la ville. Une photo de classe, avec ces phrases : « Avis à la population. Vous êtes priés de prendre garde à cet individu qui peut représenter un danger pour la sécurité de tous. Ce garçon est un tremblement de terre. »
C’est vrai que de temps en temps, là où il passait, il y avait une vibration, une secousse, une fissure. Et puis les choses se sont accentuées. Aggravées.
À présent, les objets qu’il côtoie se craquellent. Les bâtiments dans lesquels il se trouve tremblent sans raison apparente. Il met tout le monde en danger. Il faut agir.Voir des spécialistes. Prendre des mesures. Des mesures graves, des mesures d’urgence.
Il est arrivé à Martin Page de ressentir la même chose que son héros. Faire de cette impression une réalité lui a permis de créer un personnage original, une maladie singulière. Et d’illustrer une conviction qui lui tient à coeur : la puissance que chaque être humain recèle en lui est immense. Celui qui pouvait tout détruire malgré lui se révèle capable, à force de patience et de persévérance, de comprendre, de maîtriser, de créer.